Trois conférences
Dans le cadre du domaine d’étude 3, "Projeter : du savoir-faire au penser le faire", Françoise Coulon, architecte, maître-assistante coordinatrice de l’option de projet « Design Process Plus belle la ville » propose un cycle de trois conférences consacrées au design, ou plus précisément à la conception.
« Objets inanimés avez vous donc une âme ? » (A. de Lamartine)
Toute modification physique de notre environnement attend une conception, un artefact, gérant la complexité et fédérant l’infinité des questions posées par la réalité.
L’objet, l’édifice, l’aménagement sont les relais de la pensée synthétique de l’auteur, de «augere», faire croître... donc auteur, comme acteur de croissance et de réalité augmentée....La conception tant contrefaite en son contraire dans 60 % des constructions et des aménagements - où l’on évite le concepteur pour «simplifier» - est pourtant seule capable de générer l’authenticité qui nous est chère.
Ainsi les objets, les édifices, les aménagements, compagnons rassurants, interrogateurs, créateurs de liens sociaux, nous parlent. Leur langage ne se limite ni à la fonction ou à la référence au passé, ni au jeu de la lumière sur les volumes ou à la logique constructive...
Florence Doléac
Designer borderline, « mauvaise herbe » fortement adaptable, agitatrice non influençable… Avec humour Florence Doleac est entrée en résistance face aux exigences et limites du design industriel.
Elle prend position contre l’utilitarisme dogmatique, une arnaque marketing dont elle critique postures et déviances en inscrivant son travail dans une alternative libre jouant indifféremment avec design, art et artisanat.
Cette rupture avec les frontières, territoires, dictats des disciplines et avec les exigences admises sur le marché de la fonctionnalité en terme d’esthétique notamment, donne à ses productions la valeur de manifeste.
L’esthétique, le sens relèvent alors d’usages à inventer laissant leur place à la déviance, au déplacement, à une fuite de la fonction évidente…à des perturbations interactives à la manière d’une performance artistique.
"Indispensable Inutile ou l’Inutile comme valeur ajoutée"
Ces interrogations formelles, cette critique anthropologique s’inscrivent dans le sillage de Mendini, initiateur du « controdesign » qui dénonça après 1968 « les illusions véhiculées par les beaux objets prêts à consommer ».
Florence Doléac revendique une autonomie de l’objet et de son utilisateur. Les codes de représentation, la fonction à peine avouée, la part d’inutile oeuvrent pour frayer une place à notre imaginaire.
Cet inutile à l’utilité méconnue (cf Zhangzi) nous protègerait « d’un design qui dilate à l’infini le nirvana de son cerveau froid » pour « un design errant pour un contact sentimental » selon Mendini. Florence ouvre des champs d’investigations larges et développe une philosophie personnelle à l’usage de tous… Fabienne Dalli
Conférence le 26 novembre, à 19h dans l'auditorium.

