Actualités > Biennale de Venise 2016

La Biennale di Venezi 2016

Frédéric Bonnet (grand prix national de l’urbanisme 2014, agence OBRAS) et le collectif AJAP14 (lauréats des albums des jeunes architectes et paysagistes 2014) sont les commissaires du Pavillon Français à la Biennale d’Architecture de Venise 2016, dont le commissariat général a été confié au chilien Alejandro Aravena.
Leur projet, « Nouvelles du front, nouvelles richesses ? » a été sélectionné par l’Institut français et les deux ministères de tutelle (Culture et Affaires étrangères) au motif qu’il « restaure la dimension eminemment politique de l’architecture. Dans la France ordinaire s’opèrent les projets qui transforment un bien commun en devenir : le territoire. Face à l’adversité que représente la banalité, un engagement largement partagé fait émerger quotidiennement, modestement, du remarquable dans le familier. »
http://www.labiennale.org/en/architecture
http://www.institutfrancais.com/fr

Nouvelles du front, nouvelles richesses ?

« Nous voulons montrer [qu’il en émerge] des merveilles, parce que l’architecture [...] résulte d’un improbable agencement d’énergie, de personnalités, de savoir-faire, de ressources. Et le vivier est considérable, nous le savons. Il démontre que l’architecture est partout possible, même à l’écart. Ou peut-être : grâce à ces écarts.
L’architecte, d’ailleurs, n’est pas le seul protagoniste, loin s’en faut. Cette implication des uns et des autres donne du sens : à la communauté et à la « chose publique », à l’individu, à l’organisation du travail, à la prise de décision, à la vision politique [...] Aussi étrange que cela puisse paraître, certains considèrent comme une richesse ce travail collectif, et non pas le rendement de l’investissement ou la progression infinie du salaire. [...]
Nous suivons ici les hypothèses de Pierre Rosanvallon et Dominique Méda . L’architecture peut contribuer à susciter de nouvelles valeurs, qui ne sont pas financières, directement quantifiables. Cette valorisation des ressources des uns et des autres, cette « création » d’échanges, de sens collectif mais aussi de plaisirs individuels, cette recherche souvent fort frugale - par nécessité - est une réponse à la crise. [...]
L’implication croissante d’autres métiers garde toute sa force à l’architecture, à la puissance de la matière, des lumières, à la générosité des espaces, des parcours. Faire autrement, bricoler même, ce n’est pas dissoudre l’architecture dans ce qui pourrait devenir, si l’on y prend garde, le nouvel académisme du do it yourself, cheap and fast. Nous voulons aussi témoigner de cette exigence, de ce « sérieux », pourrait-on dire. Le recours à l’architecture est ainsi un véritable front, une lutte.

http://www.nouvellesrichesses.fr/

Un appel aux écoles d’architecture

Le pavillon de la France témoignera de la diversité qu’évoquent Frédéric Bonnet et d’AJAP14. D’abord par les photographies d’un état des lieux, celui du collectif France Terres Liquides, exposées d’emblée au visiteur. Ensuite par la présentation « Ailleurs commence ici »  de  l’équipe  PEROU  et  de son président  Gilles  Clément dont l’Institut Français a souhaité la présence . Enfin par la mise en avant de multiples expériences qui « témoignent de la vivaciteé d’une forme de production architecturale, pédagogique comme construite ».
Pour ce coup de projecteur sur les «nouvelles richesses», les architectes-conseils de l’Etat, les CAUE, les STAP, les Maisons de l’architecture et les écoles nationales supérieures d’architecture ont été sollicitées.
« Les écoles d’architecture françaises sont elles-aussi « au front », souvent même pionnières. Les étudiants, les enseignants, les chercheurs et leurs partenaires régionaux font des écoles à la fois un observatoire et un lieu d’expérimentation, toujours en avance d’une longueur ».
Plusieurs enseignants de l’ensa Nantes ont répondu positivement à l’appel des commissaires français. Dans les projets retenus pour le Pavillon et/ou le catalogue, figurent ceux des studios de Maëlle Tessier « Lieux publics, lieux communs » et « Territoires traversés, paysages inventés ».

 

Quatre contributions de l’ensa Nantes

Territoires traversés, paysages inventés
Le développement des métropoles contemporaines interroge le classique partage du territoire entre ville et campagne, les relations entre le centre et la périphérie, le poids des lisières, la place de l’entre–urbain. La question implicite du développement du polycentrisme et de la pérennité du modèle urbain traditionnel concentrique est mise en jeu.
La question du projet de la ville et des territoires contemporains est abordée par la prise en compte de leurs réalités complexes, de l’emboitement des échelles de réflexion, mais aussi par l’immersion, le parcours sensible et la transcription artistique. Car le rapport à l’art est au centre de la démarche, il devient opérateur de créativité, pivot de la réflexion et de la prospective urbaine. L’objectif pour les étudiants est ici d’inventer de nouveaux modes opératoires de fabrication de projets urbains, sans préjuger à l’avance de leurs formalisations et de leur échelle.
Enseignants : Maëlle Tessier (responsable du studio, initiatrice du projet) et Marie P. Rolland
Etudiants :
http://www.nantes.archi.fr/fr/territoires-traverses-paysages-inventes

Lieux publics, lieux communs
Le phénomène de métropolisation met sur le devant de la scène des espaces périphériques dont la densification d’ors et déjà engagée reste à organiser et à réfléchir, pour dégager de nouvelles formes urbaines. Les petits équipements ont un rôle majeur à jouer dans ce processus de mutation.
A partir de l’analyse de la situation de ces « nouveaux faubourgs métropolitains » et de leurs mutations, d’une analyse contextuelle précise, attentive aux usages des lieux, les étudiants réfléchissent à la programmation d’un nouvel équipement public (école, crèche, médiathèque, salle de sport, salle de spectacle, maison de jeunes, espace de rencontre pour retraités, centre médico-social...) dont ils doivent justifier le choix.
L’exercice fait l’hypothèse de l’équipement public comme marqueur d’une vitalité. Chaque projet doit être l’occasion d’interroger le statut des lieux publics dans la ville, de poser la question de la forme architecturale ordinaire, extraordinaire, symbolique, monumentale... et de ce qu’elle génère comme forme urbaine.
Enseignants : Maëlle Tessier (responsable du studio, initiatrice du projet) et Elise Roy
Etudiants :

Borderline
Le projet critique n'est opérant que dans sa confrontation à un savoir acquis, la base de travail pour les étudiants est la mise à l'épreuve d'une pensée constituée : leur mémoire de master. Le trajet réflexif d'un travail théorique vers une proposition de projet induit de fait une
altération du modèle et de la référence et ouvre la possibilité d'une prise de position personnelle.
L'approche du studio de projet est résolument transdisciplinaire et itérative. Elle prend appui sur un triple protocole d'interrogation :

  1. La frontière comme méthode, permettant le décentrement du regard, ou comment être borderline de sa discipline pour travailler avec les autres, envisager la frontière comme un trajet entre espace physique et imaginé, entre-deux, lieu de passage et occasion singulière de production de savoirs ;
  2. Penser l'impensé ou s’intéresser avant tout aux situations qui apparaissent négligées ou en creux de la fabrication de la ville, angles morts de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage, hors champs de la « grande » commande publique visible ;
  3. Désobéir à la limite ou remettre en cause les cadres juridiques pour revenir à l'esprit de la loi, inventer des ruses et des détournements, jouer l'ambiguïté : toutes choses nécessaires quand on oeuvre avec des moyens réduits et si l’on travaille à replacer au coeur des processus de projet des acteurs, des savoir-faire, des idées qui en sont habituellement absents ou peu visibles.

Le travail critique mené dans Borderline sur le territoire nantais déplace les savoirs et acquis des étudiants, futurs architectes eux-mêmes. L'altération puis l'enrichissement d'une pensée construite et problématisée par l'appréhension d'un déjà-là banal, sans attributs savants ou institutionnels, oblige en fin de compte à « faire avec », à bricoler, à questionner abruptement ce qui pourrait s'exprimer comme une parole d'expert. Il montre alors qu’au-delà des regards convenus et des réflexes projectuels les « territoires du quotidien » sont partout.
Enseignants :Sabine Guth (responsable du studio, initiatrice du projet), Romain Rousseau, Emmanuelle Huynh et Kantuta Quiros
Etudiants : Eliott Badique, Alice Bertin, Christophe Da Cunha Texeira, Alexandra Dartigues-Debaque, Lucie Delion, Nathalie Duez, Viviane Florin, Yannis Frémont-Marinopoulos, Antoine Langevin, Lisa Mingam, Vincent Parquet, Alexandre Renimel
Consulter tous les projets : partie 1, partie 2

Estuaire 2029

Expérience architecturale / reconnaissance politique
Le studio de projet « Estuaire 2029 » s’inscrit au cœur de questions touchant aux mutations actuelles du métier d’architecte. Nous faisons l’hypothèse que les étudiants doivent se doter d’une posture solide pour se confronter aux nouvelles donnes du monde social : les territoires péri-urbains, péri-métropolitains, post-industriels, la vie pavillonnaire, l’écologie, la démocratie participative, l’habitat temporaire, le fait religieux, etc.
Le studio de projet « Estuaire 2029 » s’inscrit dans la perspective de re-politiser les habitants en leur redonnant prise avec leur cadre de vie. Les projets ne sont plus conçus comme des objets finis mais dans un nouveau rapport à la mesure des citoyens, comme un « conglomérat » (Lucien Kroll) dont la forme résulte de l’intégration d’une complexité sociale faisant place aux interstices et aux contre-usages. Architecture, urbanisme et paysage se constituent alors dans un jeu serré d’alternances qu’il faut apprendre à interroger.

Le studio de projet « Estuaire 2029 » est une expérience pédagogique menée sur l’estuaire de la Loire, « territoire en mouvement »  par son histoire « naturelle » et celle des échanges économiques et sociaux qui l’ont progressivement investi. Il est conçu comme un laboratoire pour tester et formaliser des réponses permettant aux étudiants de penser leurs projets en contexte. Des compétences des enseignants issus de champs disciplinaires différents (architecture et anthropologie) sont articulées à celles d’artistes, de chercheurs et d’acteurs-ressources des territoires concernés. Des outils sont mobilisés à différents niveaux de la programmation et de la projétation : l’enquête ethnographique, les « dispositifs cartographiques » (inventer son propre mode d’investigation cartographique permettant une portée projectuelle), le collage, la vidéo, la méthode des « itinéraires » (Jean Yves Petiteau), les  « dispositifs littéraires » (permettre idéalement aux étudiants de ‘‘transformer’’ leur expérience de terrain en geste architectural) et les ateliers publics.

Pour les étudiants, le studio de projet « Estuaire 2029 » comporte une dimension professionalisante proche d’une démarche de recherche-action.  La reconnaissance par chaque étudiant de sa capacité à faire méthode en problématisant son expérience dépasse la performance d’une proposition urbaine ou architecturée. Si l’expérience pédagogique joue le rôle d’un passage initiatique sur le territoire «professionnel», le rapport à la commande renverse la fiction pédagogique qui caractérise habituellement la relation enseignant/enseigné. Cette démarche pragmatique conjugue l’apprentissage du métier d’architecte avec la négociation et l’expérimentation  in situ.

Enseignants : Chérif Hanna, architecte urbaniste et maître-assistant des écoles d’architecture, responsable du master "Estuaire 2029" et Eric Chauvier, anthropologue et maître-assistant associé des écoles d’architecture
Etudiants :

Avoir un aperçu du travail réalisé